
Qui dit automne, dit cinéma. Cette saison signifie pour les cinéphiles, l’arrivée d’un festival important à Montréal. Celui du Festival du nouveau cinéma. Classé dans la programmation temps O, le film Antiviral de Brandon Cronenberg (fils de David Cronenberg) était peut-être dans les longs métrages les plus attendus. Dans le cadre du FNC, l’œuvre fut précédée d’une performance en direct d’Ouaniche, artiste visuel originaire de Montréal. On a eu droit à un remixage du film Amer d’Hèlène Cattet et Bruno Forzani. Une version encore plus éclatée et expérimentale que l’originale où l’absence de scénario est totale. L’interprétation étant difficile même par un spectateur actif, on se laisse alors absorber par la beauté de l’image et du son.
Dans un tout autre ordre d’idées, Antiviral, production canado-américaine, raconte le récit de Syd March (Caleb Landry Jones), employé de la clinique Lucas, un endroit où les gens peuvent s’injecter le virus de leurs célébrités favorites. Vivant dans un monde où le culte de la célébrité a pris de l’ampleur, les individus sont prêts à tout faire pour se sentir plus proches des vedettes. Un jour, le protagoniste s’administrera une dose du virus de la «superstar» Hannah Geist. Celle-ci succombera à la maladie et March devra à tout prix trouver un remède pour ne pas s’éteindre à son tour.
De père en fils, les thématiques de l’obsession, de la folie ainsi que de l’aliénation sont au rendez-vous et rappellent les œuvres passées de David Cronenberg. Cette satire de science-fiction où les individus sont prêts à contracter les mêmes virus que les célébrités pour pouvoir ressentir ce qu’elles vivent et d’être plus intimes avec celles-ci n’est pas si éloignée du réel. Dans l’ère médiatique à laquelle nous vivons, nous sommes bombardés d’images obsessionnelles sur la beauté que ça soit à la télévision ou dans les magazines. Dans un monde où des émissions telles Jersey Shore ou Occupation double (la chère émission québécoise diffusée sur les réseaux de TVA) atteignent un taux élevé de téléspectateurs où de nombreux gens en font leur sujet de discussion favori ou débattent sur la question, une œuvre comme celle de Brandon Cronenberg peut s’avérer alarmante. Quand on constate que de nombreuses personnes sont prêtes à hypothéquer leur santé dans le but ultime d’acquérir un artifice de «beauté», il y a effectivement un mal, un mal de société.
En somme, Antiviral de Brandon Cronenberg n’est pas parfait, il s’agit du premier film du cinéaste. On y retrouve une atmosphère lourde créée ainsi par la pellicule sombre et l’intensité de la musique. L’œuvre est difficilement accessible au public, un caractère mortifère s’impose et à quelques reprises, le spectateur peut se perdre dans le récit quelque peu décousu. Certains reprocheront un style trop semblable aux œuvres de son paternel, mais on retrouve toutefois la note personnelle du fils. On apprécie le message derrière le film et on n’a pas à s’inquiéter pour l’avenir de la progéniture de David Cronenberg. Il s’agit d’un premier film et le meilleur est à venir.
