
Hier soir, je mis les pieds au Festival du nouveau cinéma pour une seconde fois. Ce coup-ci, j’optai pour un film danois intitulé La chasse (titre original : Jagten) réalisé par Thomas Vinterberg. L’œuvre fut précédée d’un court métrage nommé Sept heures, trois fois par année des cinéastes québécois Anaïs Barbeau-Lavalette et André Turpin.
La chasse de Thomas Vinterberg est un des films les plus aboutis de l’année à mon avis. Ce long métrage en provenance du Danemark met en vedette l’acteur Mads Mikkelsen, gagnant du prix de l’interprétation masculine à Cannes. L’œuvre se déroule dans un petit village danois. Elle raconte le récit de Lucas (Mikkelsen), un homme divorcé vivant seul avec son chien Fanny. De temps en temps, il a la garde partagée de Marcus, son fils. À l’intérieur de ce patelin, il est respecté de tous et a plusieurs amis. Œuvrant dans un service de garde, un jour il sera accusé d’abus sexuel sur une enfant. La victime, c’est la fille de son meilleur ami. Elle proclame que Lucas a fait des gestes malsains à son égard. Véhiculant son innocence, celui-ci se voudra tout de même pourchassé par ses pairs. Le mal est fait, Lucas sera traqué, tel un gibier.
La confiance est la clé de l’amitié. Quand un événement de la sorte arrive, la présomption d’innocence est-elle respectée ou non? Les enfants disent-ils toujours la vérité? De telles questions sont soulevées au sein du scénario de La chasse. Par le réalisme de l’image, de sa mise en scène et de ses personnages, ce film de fiction emprunte au style documentaire. En effet, du côté visuel, le film porte à la fois une signature plutôt classique ainsi qu’une facture propre au cinéma vérité dû à l’utilisation à quelques reprises du zoom ou de la caméra à l’épaule. Vinterberg utilise à divers moments le gros plan pour souligner davantage les émotions faciales de ses interprètes. Cette échelle de plan favorisera les questionnements à savoir quel personnage dit vrai dans tout ce chahut. Présente durant quelques scènes, la musique occupe un rôle mineur au sein de l’œuvre. Belle et subtile, elle accompagne le récit sans l’obstruer de sentimentalisme. Le jeu des personnages est stupéfiant, mais la performance qui se démarque le plus est celle du protagoniste. Doux, gentil et réservé, le personnage de Mikkelsen a l’air de tout sauf d’un pédophile. Mads Mikkelsen, connu pour ses rôles de dur (Pusher II, Valhalla Rising), livre une excellente interprétation hors des créneaux habituels confirmant ainsi la versatilité de l’acteur.
Enfin, La chasse de Thomas Vinterberg est une œuvre touchante par son réalisme et par la richesse du jeu de Mikkelsen. Il est peut-être l’un des films les plus sous-estimés au dernier Festival de Cannes. Le long métrage danois mérite d’être vu et de se classifier dans les meilleures œuvres de l’année.
