
Qui un jour aurait cru à une alliance germano-américaine entre les frères Wachowski (Bound, Matrix Trilogy) et Tom Tykwer (Run Lola Run, Perfume : The story of a murderer). Cloud Atlas, fruit résultant de la collaboration entre les cinéastes, se veut d’être une oeuvre plus grande que nature. D’une durée approchant les trois heures, le long métrage adapté d’un roman de David Mitchell du même nom, porte la détermination et l’ambition de ses créateurs : Roger Ebert, un des critiques américains les plus réputés, osera même mentionner qu’il s’agirait d’un des films les plus ambitieux jamais réalisé. (Ebert 2012)
D’une période se déroulant de 1849 à 2346, le récit prend place au sein de différents pays et à différentes époques. On s’intéresse ici au passé et au futur, tout en relatant le présent. Plus précisément, on retrouve une épopée scindée en six temps dont chacun des acteurs y tient un rôle différent à chaque fois.
De l’ambition, vous avez dit? Les cinéastes ont dû se creuser la tête à maintes occasions afin de transposer le livre à l’écran. En effet, du côté de la mise en scène, les cinéastes se divisent la tâche, c’est-à-dire que les frères Wachowski et Tykwer réalisent chacun trois parties distinctes. Quoi que l’on reconnaisse la facture visuelle des frères Wachowski dans les scènes futuristes se déroulant à Séoul en 2144 ou à Hawaii dans les années 2346, il en résulte un tout cohérent et il est difficile de cerner qui est l’auteur de chaque segment. Composé de nombreux interprètes tels Tom Hanks, Halle Berry ou Hugo Weaving, on est impressionné par le maquillage et la versatilité du jeu des acteurs dû au fait qu’il est quelquefois difficile de les identifier.
D’un point de vue esthétique, Cloud Atlas est une réussite. Par contre, au niveau du fond, il est difficile pour le spectateur d’être complètement immergé par le message de l’œuvre. Les thématiques de l’amour, de la liberté ou de la réincarnation présentes au sein du récit transcendent adroitement d’une période historique à l’autre. À quelques moments, on ressent un caractère forcé de vouloir intégrer des liaisons entre ces thèmes et cela, au contraire, apporte une certaine disjonction.
Enfin, Cloud Atlas des Wachowski et de Tom Tykwer est un film divisant les critiques comme on le constate sur le site web Rotten Tomatoes. Un peu comme l’avait fait dans le passé The fountain de Darren Aronofsky qui exploitait des thématiques semblables. Ce n’est toutefois pas un excellent long métrage, mais on apprécie l’effort et l’ambition d’adapter le roman impossible de Mitchell se déroulant sur plusieurs siècles. C’est une œuvre complexe qui mérite d’être regardée à nouveau par l’abondance de son contenu et qui, peut-être, sera meilleure au second visionnement. En somme, il s’agit d’un très bon film et on ne peut que souhaiter à nouveau une alliance entre les deux réalisateurs pour un projet ultérieur.
