
Cent cinquante ans après que le président américain Abraham Lincoln ait signé la Proclamation d’émancipation délivrant les esclaves noirs de leurs chaînes, le cinéaste Steven Spielberg lui rend hommage. Film de guerre biographique du nom de Lincoln, le célèbre réalisateur s’intéresse à la facette politique du premier président républicain et abolitionniste des États-Unis.
Adapté du roman Team of Rivals : The political Genius of Abraham Lincoln de l’historienne Doris Kearns Goodwin, Spielberg couvre seulement une partie du bouquin. Quasi-impossibilité de reprendre tout le contenu, le long métrage se concentre sur le deuxième mandat d’Abraham Lincoln. Guerre de Sécession et esclavage, l’œuvre relate le récit du président (Daniel Day-Lewis) et sa volonté d’affranchissement de l’esclavage ainsi que son combat à mettre un terme à ce ténébreux conflit humain.
Lincoln fait partie de ces œuvres pour lesquelles j’éprouve de l’admiration plutôt qu’une réelle appréciation. Je m’explique. Respectable, le dernier film de Spielberg n’arrive pas à captiver pour une durée approchant les deux heures et demie. Le processus de révolution se déroule en majeure partie dans des endroits fermés tels le domicile du protagoniste, la Maison-Blanche et le tribunal où des décisions de premier ordre se prennent. À huis clos et par excès de verbiage, Lincoln comporte des longueurs à la limite insoutenables. Bref, le cinéaste ne laisse pas respirer son œuvre par le bavardage incessant et s’ensuit un sentiment de confinement pour le spectateur.
Malgré cet inconfort, le long métrage comprend son lot de qualités et d’attributs propres à l’univers spielbergien. Esthétique et trame sonore classiques, l’œuvre se démarque au niveau du jeu de ses interprètes. Daniel Day-Lewis sauve le film. Doux, déterminé et persévérant dans son rôle, l’acteur d’origine anglaise est l’incarnation vivante d’Abraham Lincoln. Complètement métamorphosé grâce à un maquillage impeccable et à une prestation phénoménale, Lewis livre une de ses meilleures performances en carrière. Enfin, les rôles de soutien au sein de la distribution sont également remarquables où Sally Field (la femme de Lincoln), Joseph Gordon-Levitt (le fils du président), Tommy Lee Jones (un des membres du parti républicain les plus radicaux) et Jackie Earle Haley (un politicien purement esclavagiste) se donnent la réplique.
Cynisme et confusion, les gens se désintéressent à la politique. Seconde victoire du premier président noir américain Barack Obama, les individus aperçoivent une lueur d’espoir et gardent la foi. Lincoln de Steven Spielberg s’avère une oeuvre nécessaire pour rappeler que la politique ne rime pas toujours avec corruption et qu’elle engendre parfois le progrès. En dépit de son admirable message d’espoir et de liberté, le long métrage se révèle trop verbeux et fermé pour véritablement fasciner le spectateur. Quoique non représentatives, les trente dernières minutes où l’action se déroule à l’extérieur auront su nous tenir en haleine.
