Killing Them Softly: Et la vie continue…

Alliance Films: Killing Them Softly d'Andrew Dominik
Alliance Films: Killing Them Softly d’Andrew Dominik

En compétition officielle pour la prestigieuse Palme d’Or au dernier Festival de Cannes, Killing Them Softly d’Andrew Dominik (Chopper, The Assassination of Jesse James by the Coward Robert Ford) se révèle être la troisième œuvre du cinéaste néo-zélandais.

Adapté du roman Cogan’s Trade de George V. Higgins, le long métrage raconte le récit de trois truands toxicomanes qui ont une idée bête, très bête : celle de cambrioler des mafiosi se livrant à une partie de poker. Geste perpétré, un tueur à gages du nom de Jackie (Brad Pitt) sélectionné, où s’ensuivra  un véritable jeu du chat et de la souris.

Autodérision, cynisme et morosité, le dernier film de Dominik s’avère une critique du système économique. Derrière cette fable de gangsters, qui semble à priori simpliste, se camoufle une authentique satire du capitalisme. Dans un contexte de crise boursière où est mêlé l’ancien président américain George W. Bush, la mafia se retrouve elle aussi en déficit suite à une perte importante de capitaux monétaires. Rien ne va plus. Structure défaillante, le système cherche constamment à s’autoréguler. Intoxiqués, les malfaiteurs cambriolent pour couvrir les coûts de leurs stupéfiants. De l’autre côté, les bandits les plus nantis escroquent les faiblesses de notre société. Politiciens ou criminels, qui sont alors les indéniables dérobeurs : les bandits ou ceux au pouvoir? Bref, le film pose de nombreuses questions nous laissant sans réponse. Et la vie continue…

Réputé pour ses films de brigands, Andrew Dominik pond cette fois-ci une œuvre modeste quelque peu verbeuse, bourrée d’humour noir et de personnages à la fois marginaux et colorés. Certains critiques reprochent à Killing Them Softly d’être trop violente, mais la violence est ici symptomatique d’une société malade et désabusée. Dominik concocte une œuvre très esthétique où se manifestent à quelques reprises l’utilisation du ralenti et un travail élaboré au niveau du plan. L’œuvre se démarque également du côté de ses interprètes par sa distribution élégante composée de Brad Pitt, James Gandolfini, Richard Jenkins et Ray Liotta. Pitt confirme à nouveau son génie d’acteur dans la peau d’un tueur sans scrupule, mais la performance qui surprend davantage est celle de Gandolfini jouant aussi le rôle d’un assassin. Accroc au sexe et à la boisson, l’acteur américain d’origine italienne livre une prestation remarquable d’un sicaire expérimenté et paresseux de nature.

D’une durée d’un peu plus d’une heure et demie, Killing Them Softly d’Andrew Dominik nous laisse quelque peu sur notre appétit. Suite à son excellent film basé sur la vie légendaire du criminel Jesse James, la barre se révélait haute. Toutefois, le cinéaste réussit tout de même à nous captiver grâce à un humour et un visuel pourvu d’intelligence. En attendant avec grande impatience sa prochaine réalisation…

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