
Stoker de Park Chan-wook (The Vengeance Trilogy : Sympathy for Mr. Vengeance, Oldboy et Sympathy for Lady Vengeance) marque l’arrivée du réalisateur sud-coréen à Hollywood. Connu des cinéphiles par son cinéma très stylisé empreint d’un caractère viscéral et violent, Stoker frappe fort, mais certains diront peut-être le contraire. En prenant en compte que le réalisateur a dû se plier à l’industrie hollywoodienne et que sa liberté créatrice fut amoindrie, l’œuvre s’avère tout de même plus que satisfaisante.
Influencé par Dracula de Bram Stoker et par le film Shadow of a Doubt d’Alfred Hitchcock, le scénario écrit par Wentworth Miller raconte le récit d’une adolescente du nom d’India (Mia Wasikowska) ayant perdu son père dans un accident de voiture. Suite au décès de son paternel, sa mère et elle (Nicole Kidman) feront la connaissance de son oncle Charlie (Matthew Goode), lequel elles n’avaient pas idée de son existence. Celui-ci viendra les aider à traverser le deuil, mais face à ce suspicieux personnage, une attraction étrange, malsaine et soudaine les guettera.
Le long métrage mélange le thriller psychologique au film d’horreur où le spectateur suivra les déboires d’une famille dans la tourmente. Le film aborde des thématiques sombres dont celles de la folie, de la perversion sexuelle et de la mort. Par son refus de linéarité narrative, Chan-wook jongle avec le présent et le passé, ajoutant ainsi une complexité à l’œuvre.
D’une facture visuelle léchée et d’effets stylistiques réussis (quelques arrêts sur images, raccords par analogie judicieux et cadrages hors normes), la transition de son style asiatique à la formule hollywoodienne ne s’avère pas trop décevante. Park Chan-wook réussit à conserver sa signature. Toutefois. la réalisation et le jeu de ses interprètes ne transparaissent pas autant naturels que dans ses œuvres précédentes. En effet, lors d’une entrevue accordée par Time Entertainement, le cinéaste sud-coréen mentionne la rencontre d’une seule contrainte majeure lors de son séjour à Hollywood. Le réalisateur, n’ayant pas travaillé avec la même équipe qu’en Corée du Sud, a dû accorder davantage de temps à entraîner les acteurs et techniciens américains à comprendre son processus artistique. En fait, ne vous trompez pas, Wasikowska, Kidman et Goode excellent dans leurs interprétations, mais malheureusement Stoker n’atteint pas ici le niveau de ses meilleurs films, dont Sympathy for Mr. Vengeance ou Oldboy.
Au final, si les longs métrages tordus, disjonctés et macabres vous interpellent, vous ne serez pas déçus. Stoker de Park Chan-wook se révèle une œuvre visuellement accomplie comportant quelques surprises au niveau scénaristique. C’est un film qui mérite d’être vu et on souhaite le retour à Hollywood du réalisateur sud-coréen dans les années ultérieures. Vous pouvez toujours espérer que le remake américain d’Oldboy par Spike Lee prévu en octobre prochain soit à la hauteur. Vous êtes craintifs, sceptiques ? Ne vous en faites pas, vous n’êtes pas seuls…
Note: 3.5/5
