
Révélée à Cannes en 2012 pour son court métrage Chef de meute, la jeune réalisatrice québécoise Chloé Robichaud était de retour sur le tapis rouge pour présenter son premier long métrage Sarah préfère la course. Chaleureusement accueillie lors du dernier Festival de Cannes, la cinéaste âgée seulement de 25 ans signe un remarquable départ.
L’œuvre relate le récit de Sarah (Sophie Desmarais), jeune banlieusarde. La protagoniste a une passion: la course de demi-fond. Du jour au lendemain, sa vie va changer lorsque qu’une université prestigieuse de Montréal lui offre l’opportunité d’y accéder à un niveau professionnel. Avec son collègue de travail Antoine (Jean-Sébastien Courchesne), elle partagera un appartement. Afin de couvrir les coûts, ils se marient civilement pour obtenir de plus amples prêts et bourses. Le problème monétaire réglé, une autre complication surgit. Sarah rencontre Zoey, coureuse elle aussi.
Le long métrage de Robichaud s’avère une œuvre tirée de son vécu dans la mesure où celle-ci, telle que la protagoniste, ont dû quitter le confort familial afin de réaliser leurs ambitions personnelles et leurs passions: la course de demi-fond dans le cas de Sarah et le cinéma dans celui de la réalisatrice. Le long métrage révèle une course contre la montre : une véritable course contre soi dans laquelle le personnage de Sophie Desmarais prend éperdument part. Confuse et morose, en pleine quête identitaire, Sarah devra jongler avec une panoplie d’émotions refoulées.
La jeune cinéaste concocte un premier film à la fois intimiste et sincère. La caméra, complice à la réalisation par son cadrage serré de ses divers plans, vient amplifier l’angoisse vécue par l’héroïne. Dotée d’une pellicule au ton grisâtre, d’une trame sonore mélancolique ainsi que d’une excellente interprétation révélatrice de Sophie Desmarais, l’œuvre de Robichaud réussit à recréer le fougueux mal de vivre de la protagoniste. Au niveau de la distribution, Jean-Sébastien Courchesne, dans la peau de l’ami et mari de Sarah, ainsi que Micheline Lanctôt interprétant son entraîneuse, livrent à leur tour une noble performance. Tout compte fait, l’œuvre se démarque davantage au niveau formel dû au réalisme de sa réalisation, de son scénario et de ses personnages, sans toutefois trop négliger le fond.
Sarah préfère la course de Chloé Robichaud annonce l’arrivée d’un nouveau talent québécois, celui d’une auteure-cinéaste. Celle-ci aura su nous faire vivre un récit à la fois sobre et modeste sans verser dans la facilité et les stéréotypes. Chapeau à cette première victoire et souhaitons un avenir prospère à la jeune réalisatrice.
Note : 3.5/5
