Only God Forgives: Fresque cauchemardesque

Films Séville: Only God Forgives de Nicolas Winding Refn
Films Séville: Only God Forgives de Nicolas Winding Refn

Avec un accueil plutôt tiède au dernier Festival de Cannes, mais raflant toutefois le grand prix au Festival du film de Sydney, la dernière œuvre du cinéaste-auteur danois Nicolas Winding Refn (Bronson, Drive) divise de nombreux critiques. À la fois acclamé et hué, tous s’avèreront d’accord à mentionner qu’Only God Forgives se manifeste comme un film onirique, violent et hautement stylisé.

Le long métrage raconte le récit de Julian (Ryan Gosling), trafiquant de drogues et propriétaire d’un club de boxe thaïlandais. Celui-ci apprend l’assassinat de Billy, son frère aîné. Assoiffée de vengeance, Crystal (Kristin Scott Thomas), la mère du protagoniste, débarquera à Bangkok et l’implorera à retrouver le meurtrier afin de le liquider.

Dédiée au réalisateur franco-chilien Alejandro Jodorowski (El Topo, The Holy Mountain), importante figure du cinéma d’avant-garde et surréaliste, Only God Forgives s’avère une fiction antihollywoodienne au niveau narratif et formel ressemblant davantage à ses films antérieurs méconnus, dont Fear X et Valhalla Rising. Tout comme Drive, le réalisateur danois amalgame divers styles cinématographiques à son dernier long métrage. Du film surréaliste aux œuvres de vengeance (à la sauce coréenne), sa toute nouvelle création cinématographique se classe difficilement dans une catégorie distincte. Œuvre à la fois interprétative et truffée de symbolisme, Winding Refn découragera les fervents amateurs de «films pop-corn» et les spectateurs les plus impatients.

Fresque cauchemardesque, léché du premier jusqu’au dernier plan, le long métrage signé du cinéaste danois se révèle purement esthétique. Plus précisément, Winding Refn accorde une importance à l’image en portant une attention significative au niveau des couleurs et de l’éclairage. Du côté de la distribution, les interprètes incarnent modestement leur personnage respectif. Œuvre peu verbeuse, les acteurs doivent seulement retenir quelques lignes. Quasi muet, Gosling joue au fils à maman et s’exprime noblement à travers ses expressions faciales qui en disent plus long que les mots. Scott Thomas surprend dans la peau d’une mère complètement diabolique ainsi que l’acteur thaïlandais Vithaya Pansringarm, véritable révélation, dans le rôle d’un lieutenant sadique et amateur d’arts martiaux. Enfin, la trame sonore de Cliff Martinez composée majoritairement de synthétiseur accompagne gracieusement l’atmosphère froide et sombre du film.

Trop abstrait pour certains, trop violent pour d’autres, Only God Forgives de Nicolas Winding Refn ne fera pas l’unanimité. Pour ceux qui furent charmés par le cinéaste européen depuis le tout début avec la trilogie danoise Pusher, vous risquez d’apprécier fortement le genre. Pour les autres, une mise en garde s’impose. Non, ce n’est pas le même style que l’excellent et plus populaire Drive, mais plutôt un retour aux sources pour le réalisateur. À vos risques et périls d’aimer ou de détester…

Note : 3.5/5

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