
En tête du Box-office nord-américain, Prisoners de Denis Villeneuve (Incendies, Maelstrom), marque la victoire du cinéaste québécois au sein de l’empire hollywoodien. Découvert à Hollywood, trois ans auparavant, grâce à sa nomination aux oscars pour Incendies, Villeneuve attire l’attention des producteurs américains et décroche le titre de réalisateur pour ce projet financé par Warner Bros et Alcon Entertainement.
Inspiré d’un scénario d’Aaron Guzikowski, le film raconte le récit de deux familles victimes d’un enlèvement. Ces dernières sollicitent l’aide d’un enquêteur expérimenté (Jake Gyllenhall). Après un suspect appréhendé, Alex Jones (Paul Dano) et une enquête qui tarde, Kelly Dover (Hugh Jackman), père d’une des fillettes disparues, prend la justice en main.
Ce genre d’histoire a été raconté maintes fois. Par contre, la collaboration de Villeneuve à la mise en scène avec Roger Deakins (No Country for Old Men, Skyfall) à la photographie change la donne. Comparé à David Fincher (Se7en, Zodiac) par certains critiques, le cinéaste québécois pond une œuvre complexe où le suspense et l’intelligence se rencontrent. Dur et violent, le long-métrage prend le temps de développer ses personnages et de dévoiler une panoplie d’énigmes favorisant l’interprétation du spectateur.
Pellicule grisâtre sur fond musical discret, Villeneuve concocte ici une œuvre riche d’un point de vue narratif qui ne peut laisser le public indifférent. Naturels et justes, les interprètes principaux, Hugh Jackman et Jake Gyllenhall, livrent une de leur meilleure performance en carrière. Les acteurs secondaires assurent également très bien leur rôle. Là où se démarque davantage cette fiction, c’est au niveau de la réalisation. Villeneuve, à l’aide de Deakins, cadre d’une manière fine et élégante chacun des plans. Le rythme est fluide tout au long de l’œuvre et les scènes s’enchaînent splendidement.
Bref, Prisoners de Denis Villeneuve démontre la victoire de David contre Goliath. Libre, le cinéaste ne fut coupé de sa latitude créatrice lors de sa transition filmique du Québec à Hollywood. Ce dernier put conserver son intégrité d’artiste et eut la chance de gagner la confiance des grands studios en obtenant le droit de conserver la fin originale de son œuvre. Hors des sentiers battus, celle-ci en fera parler plus d’un…
Note : 4/5
